Le Yoga : approche philosophique

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Yoga dans la philosophie indienne

Yogini, Tamil Nadu.

Le yoga est l’un des six points de vue (darśana) des philosophies indiennes āstika (qui reconnaissent l’autorité du veda). Ils fonctionnent par paires : nyāya et vaiśeṣika, sāṃkhya et yoga, mīmāṃsā et vedānta. Ces darśana sont considérés comme essentiels pour obtenir une vue complète de la réalité. C’est en effet la juxtaposition de ces six voies de la connaissance qui permettrait de saisir l’ensemble « comme nous regardons une statue sous des angles différents avant de pouvoir nous en former une idée d’ensemble ».

Au Sāṃkhya, système dualiste et athée, le yoga emprunte de nombreux éléments théoriques dont : le Puruṣa, la Prakṛti et les Guṇas.

« Celui qui demeure dans le champ de l’ignorance, est victime des cinq obstacles que sont l’ignorance, l’ego, l’attachement tout autant matériel qu’à ses propres idées, la répulsion et la peur de la mort. ».

Interprétations en Occident

Le but du yoga selon la conception occidentale est la quête d’une harmonie, d’une unité corps et esprit. Pour Patañjali, c’est aussi la cessation des modifications du mental (citta), sources du karma. Cet état s’inscrit dans l’instant présent, et est potentiellement accessible à tout être humain. « Au cœur du yoga il y a un message important : tout être humain est naturellement équilibré et entier car le Soi  ne peut être ni détruit ni endommagé. C’est là notre nature inhérente, et le yoga est la voie vers une plus grande conscience de cette entité intérieure, le Soi”. « Lorsque nous suivons systématiquement la voie du yoga, il prend dans notre vie une importance profonde. Intérieurement, il nous permet d’agir conformément à nos besoins, à nos intentions et aux valeurs qui nous sont les plus chères. Extérieurement, il nous apprend à renforcer notre corps, à détendre et à équilibrer notre système nerveux et à trouver la paix et la concentration sur un objet. En fin de compte, on dit que le yoga mène à la réalisation directe de notre nature véritable ». »

Le yoga est une philosophie sans exclusivité : toutes les convictions, même religieuses ou humanistes, peuvent y trouver leur compte. Pour autant, le yoga n’est pas une religion. Le yoga propose l’union, les choix religieux ou non demeurant respectés. L’essentiel est la cessation des perturbations du psychique : le respect d’autrui, la paix et la non-violence (ou Ahimsâ).

Jean Varenne, indologue français, écrit en 1971 dans son introduction des Upanishads du yoga, que l’interprétation occidentale du yoga n’est pas valable et trahi ses fondements métaphysiques et éthiques (pratique de l’Ahimsa, pratique nécessaire du végétarisme, etc.) pour en faire un simple exercice de performances physiques, alors que la philosophie du yoga est avant tout une pratique sacrée pour la libération de l’âme du cycle des réincarnations, comme indiquée dans le Yoga-Sûtra de Patanjali :

« Il n’y a pas grand chose à dire de la vague récente du Yoga en Occident. […] On n’en a retenu que les aspects soi-disant « pratiques » (gymnastique corporelle, ralentissement de la respiration) […] pour « se maintenir en forme ». Rappelons encore que ces gestes (s’asseoir en tailleur, respirer lentement) ne sont rien au regard du Yoga véritable s’ils ne sont pas précédés de la stricte observance des disciplines (yama et niyama) et s’ils ne sont pas ordonnés à la recherche de l’état de kaivalya par l’intermédiaire du retrait des sens et de la dissolution de la pensée. Mais surtout le Yoga n’est rien s’il n’est pas vu dans l’ensemble d’une conception du monde (darshana) qui ne peut être disséquée et « triée ». Mieux vaut sans doute l’étudier pour lui-même et par accès direct aux textes. »

— Jean Varenne, Upanishads du yoga.